Les monnaie locales : quoi et pourquoi ?

 Les monnaies locales complémentaires citoyennes (MLC) traitent à de nombreux enjeux liés à l’argent. Elles s’attaquent à la façon dont l’argent est dépensé (consommation) et son placement (l’épargne).  Ces deux aspects de l’argent doivent absolument être discutés de pairs puisqu’ils se répondent ; par exemple, le fait qu’une banque finance l’extraction d’énergies fossiles est directement lié au fait que nous utilisions cette énergie (chauffage, transport…).

Il existe 82 MLC en France. Elles sont toutes portées par des associations loi 1901 et sont fédérées par le mouvement SOL (http://www.sol-reseau.org/). La circulation de ces monnaies est encadrée par la loi Hamon de 2014 (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000029313296/).

Comment utiliser les chouettes ?

– D’abord, vous devez adhérer à l’association (https://lachouettemonnaie.fr/particuliers/).

– Echanger des euros contre des chouettes dans l’un de nos comptoirs de change (https://www.facebook.com/monnaielocaledijon ; https://lachouettemonnaie.fr/actu/).

– Utiliser vos chouettes chez nos partenaires (https://lachouettemonnaie.fr/carte-des-commerces-engages/).

Voici quelques règles de bases sur la valeur des MLC.

– Chaque unité de MLC (ex : 1 chouette) est égale à 1 euro.

– Les prix des biens et services achetés en MLC sont les mêmes qu’en

– Il est possible de payer en partie en MLC et le reste en euros.

Accepter la chouette : comme un label pour nos partenaires

Les professionnels (« partenaires ») qui acceptent les MLC répondent aux critères d’une charte, qui varient légèrement selon la MLC. En ce qui concerne la Chouette monnaie, les critères sont les suivants :

– Utiliser un maximum de produits locaux, de qualité (labélisés ou non) et provenant de circuits courts (peu d’intermédiaires entre le producteur et le revendeur).

– Favoriser la vente de produits respectueux de l’humain (labels équitable et éthiquable notamment) lorsque ceux-ci sont issus de l’étranger (e.g., chocolat, thé, café).

– Privilégier l’utilisation d’une énergie « verte » et limiter les déchets.

– Echanger humainement avec les clients et les éventuels collègues.

– Fréquenter une banque « éthique » (ne spéculant pas et aux investissements peu douteux).

– Souhaiter progresser dans les domaines mentionnés (personnes n’est parfait).

Les MLC ont dont une fonction label : utiliser la chouette vous épargnera un travail de recherche sur les pratiques des professionnels chez qui vous consommez. Cet aspect est très utile lorsque vous visiter une ville que vous ne connaissez pas ; jetez un œil au site de la monnaie locale ! Mais, vous questionnez-vous peut-être, pourquoi ne pas utiliser un simple label ; pourquoi une monnaie ? Les raisons sont multiples, on y vient.

Les MLC dynamisent les échanges économiques entre acteurs responsables d’un territoire

Lorsqu’un commerçant est réglé en MLC (ex : en chouettes), il doit les dépenser dans le réseau de partenaires qui acceptent aussi les chouettes. L’expérience des autres MLC nous apprend qu’il est fréquent que les adhérents professionnels travaillent avec des partenaires (locaux) supplémentaires afin de dépenser leur monnaie locale (au pays-basque, 54% des adhérents professionnels à l’eusko travaillent avec au moins un partenaire en plus dans ce but). Et les échanges s’intensifient entre les partenaires qui n’ont pas attendu la monnaie locale pour travailler ensemble.

Une consommation éco-responsable

Une conséquence directe du développement des échanges entre les partenaires est le fait que les produits voyagent moins et émettent donc moins de gaz carbonique, principal responsable du dérèglement climatique. Le fait d’aider l’activité des partenaires responsables permet aussi de soutenir des pratiques vertueuses telles que la limitation des déchets ou l’utilisation de produits respectueux de l’environnement.

Plus de lien social !

En plus d’échanges économiques accrus entre les professionnels acceptant une MLC, ces dernières sont un excellent prétexte pour échanger sur des sujets divers et s’entraider, entre personnes ayant des valeurs communes. Les échanges entre professionnels et avec les adhérents (et entre les adhérents) sont tout autant favorisés. D’après le rapport 2021 du mouvement SOL, 55% des adhérents ont participé à des manifestations organisées par leur monnaie locale et 25% des partenaires ont déjà rendu service un autre professionnel du réseau.

Les euros échangés au service de projets vertueux

Nous ne vous avons pas encore expliqué ce que deviennent les euros que vous échangez contre des chouettes. Nous les mettons sur un compte (« fonds de garantie ») à la Nef (https://www.lanef.com), une banque éthique comme il n’en existe pas d’autre en France. Ce placement a deux fonctions : 1) si, par un fait du prince, les MLC sont déclarées illégales, nous vous rendront vos euros ; 2) il permet à la Nef de financer plus de projets à vocation solidaire, environnementale ou culturelle. En parallèle, moins d’euros sont stockés dans les banques classiques, ce qui entrave (à petite échelle, certes) la spéculation et le financement de projets nuisant à l’intérêt général.

La démocratie nous tient à cœur

Chaque utilisateur de la chouette est force de proposition lors de l’assemblée générale annuelle. Chacun est également bienvenu pour rejoindre le collectif des bénévoles, de façon ponctuelle ou plus régulière. (Pour cela, n’hésitez pas à nous contacter – monnaielocaledijon@gmail.com). De plus, notre objectif est de déployer la monnaie bien au-delà du centre-ville Dijonnais, dans les quartiers « populaires » et le reste du bassin de vie Dijonnais.

Utiliser la chouette : un acte militant

Les valeurs évoquées ci-dessus sont chères à ceux qui utilisent la chouette (ou une autre MLC). Or, plus la chouette circulera, plus nous serons crédibles pour défendre ces causes auprès des élus et de concitoyens pas encore convaincus. Le but est donc de participer à un développement durable (piliers social, économique et environnemental) véritable à l’échelle de notre région, et de s’inscrire dans la mouvance nationale des MLC, pilotée par le mouvement SOL afin d’influencer également l’échelon décisionnel supérieur.

Comprendre les enjeux liés à l’argent à travers la chouette

Derrière les MLC il y a également un enjeu éducatif. Utiliser une autre monnaie, de même valeur marchande mais entièrement vertueuse, c’est poser la question de ce qu’est l’argent. Que vaut-il ? Où va-il ? Quelles en-sont les conséquences ? Peut-on faire autrement ? A cette dernière question, nous répondons évidemment OUI. Si vous êtes septiques quant à l’utilité des MLC c’est bon signe ! Vous êtes en train de réfléchir aux moyens de porter, à travers l’argent, les valeurs de respect, solidarité, partage et citoyenneté que la chouette défend.

Maintenant, vous pouvez vous procurer des chouettes ! Pour cela vous pouvez soit contacter directement l’association (https://lachouettemonnaie.fr/contact/), soit vous rendre dans l’un de nos comptoirs de change. Nous serons bien entendu ravis d’écahnger au sujet de la Chouette.

Voici le contexte de la mise en place des monnaies locales en quatre points :

Cette partie trouverait mieux sa place en préambule, mais elle est ici dédiée à ceux qui, à l’heure de l’information brève et stimulante, sont suffisamment motivés pour lire un peu plus loin. Nous serons néanmoins très succints sur ce vaste sujet.

Des interactions sociales appauvries. Entre l’hégémonie des supermarchés, l’essor de la livraison à domicile et notre focus toujours accru sur nos téléphones portables, nos interactions sociales semblent s’appauvrir. En parallèle de cela, de plus en plus de professionnels tiennent à réinstaurer un lien avec leur clientèle et à favoriser une ambiance conviviale.

Une précarité persistante. Bien que les richesses mondiales (i.e., biens matériels) connaissent un niveau sans précédent (rapportées au nombre d’habitants – 1), celles-ci sont très mal distribuées et 8.3% de nombreuses personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté en France (2). Ainsi les aides de l’état (e.g., RSA, APL…) et des institutions territoriales (e.g., subventions aux associations luttant contre la pauvreté) envers les plus démunis sont essentielles et doivent être développées.

Un déclin environnemental. Le consensus scientifique international (3) parle d’un déclin préoccupant de la biodiversité (4) et d’impacts majeurs du réchauffement climatique sur la santé humaine (entre autres via des évènements climatiques extrêmes et une baisse des rendements agricoles, causant la famine dans certaines régions du monde… – 5). Bien que la situation soit dramatique, nous sommes convaincus qu’il existe des marges de manœuvre. Il est possible d’atténuer le déclin environnemental en réorientant notre économie (et en diminuant une bonne partie de sa production – 6, 7) vers des modes de productions de biens et services éco-responsables.

Une finance au service d’elle-même. La finance est nécessaire à l’activité économique : sans elle pas de projet pour ceux qui n’ont pas de fonds propres (par accumulation ou héritage). Cependant, on reproche à la finance d’aujourd’hui de servir bien plus l’accumulation de profits via la spéculation et les contreparties en dividendes que le développement de projets vertueux (8, 9). L’activité financière est aujourd’hui largement décorrélée de celle de l’économie réelle, puisque les échanges de capitaux financiers ne cessent de croitre à un rythme effréné, alors que le produit intérieur brut mondial semble se rapprocher d’un plateau (9, 10). Un chiffre : en 2021, seulement 2% des échanges monétaires ont lieu dans l’économie réelle. Enfin, remarquons que les banques, en plus d’aider l’économie réelle de moins en moins (en proportion des ressources globales), sont des gros émetteurs de gaz à effet de serre de par leurs investissements et la consommation énergétique des flux financiers (11). 

Références

1: https://www.insee.fr/fr/statistiques/2830205#tableau-figure1

2: https://www.insee.fr/fr/statistiques/2408282#tableau-figure1

3 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20448167/

4 : https://www.journaldelenvironnement.net/article/biodiversite-les-chiffres-pietres-miroirs-de-la-realite,111568

5 : https://www.ipcc.ch/sr15/ (voir chapitre 3)

6 : https://negawatt.org/IMG/pdf/scenario-negawatt_2017-2050_brochure-12pages.pdf

7 : https://www.youtube.com/watch?v=Vjkq8V5rVy0

8 : https://blog.mondediplo.net/fermer-la-finance

9 : https://www.youtube.com/watch?v=2oFARgqG0NA

10 : https://taxonslaspeculation.eu/home/

11 : https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2020/10/rapportBanque_OXFAM_v5.pdf?fbclid=IwAR2ogZbXbzAnu8c7Z96Ftn0ppw-rQN_ZYcxxl0pM9WFejm8RbiXDwlFAN50

12 : https://drive.monnaies-locales.org/s/9FpDbQHim4RjgBZ

13 : https://www.un.org/fr/climatechange/paris-agreement