Les agents économiques (ménages, entreprises, État) se financent selon deux modalités principales : le financement interne par autofinancement et le financement externe via les marchés financiers ou les banques. Cette organisation repose sur une distinction fondamentale entre agents ayant une capacité de financement (épargne disponible) et ceux présentant un besoin de financement (investissements supérieurs à l’épargne).
Le système financier orchestre ces flux en mettant en relation épargnants et emprunteurs. Comprendre ces mécanismes vous permettra de maîtriser un pilier de l’économie contemporaine.
| Agent économique | Position financière | Modes de financement |
| Ménages | Capacité de financement | Épargne, crédit immobilier |
| Entreprises | Besoin de financement | Autofinancement, emprunts, actions, obligations |
| État | Besoin de financement | Émission d’obligations, bons du Trésor |
Qu’est-ce que le besoin et la capacité de financement des agents économiques ?
Dans l’économie, trois agents économiques principaux organisent les flux financiers : les ménages, les entreprises et l’État. Chacun présente des caractéristiques financières spécifiques qui déterminent leur rôle dans le système économique.
La capacité de financement caractérise les agents dont l’épargne dépasse les investissements. Ces agents disposent d’un excédent financier qu’ils peuvent prêter ou placer. À l’inverse, le besoin de financement concerne les agents dont les investissements excèdent l’épargne disponible.
Le système financier assure l’intermédiation entre ces deux catégories. Il collecte l’épargne des agents excédentaires pour la redistribuer vers ceux en déficit. Cette fonction s’effectue via deux canaux : les intermédiaires financiers (banques) et les marchés financiers (Bourse).
Le marché des fonds prêtables représente cette rencontre entre offre et demande de capitaux. Le taux d’intérêt y joue le rôle de prix d’équilibre : il rémunère les prêteurs et constitue un coût pour les emprunteurs.
Comment les entreprises financent-elles leurs investissements ?
Les entreprises présentent structurellement un besoin de financement pour leurs investissements productifs, leur fonds de roulement et leur développement. Elles disposent de trois options principales pour répondre à ces besoins.
L’autofinancement des entreprises
L’autofinancement constitue le mode de financement privilégié des entreprises. Il repose sur l’utilisation des profits générés par l’activité productive, offrant une autonomie financière sans coûts d’endettement.
Le calcul débute par l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui mesure la richesse créée avant déduction des intérêts, dividendes et impôts. L’EBE correspond à la différence entre le chiffre d’affaires et l’ensemble des coûts de production.
L’épargne de l’entreprise se calcule selon la formule : EBE moins intérêts versés, moins dividendes distribués, moins impôts sur les bénéfices. Les amortissements constituent également une composante importante, permettant de constituer des réserves pour le renouvellement du capital fixe.
Le financement externe indirect
Le financement externe indirect passe par les intermédiaires financiers, principalement les banques. Ces institutions collectent les dépôts des ménages pour accorder des crédits aux entreprises.
Les banques proposent différents types d’emprunts selon les besoins :
- Crédits à court terme (moins d’un an) pour financer le fonds de roulement
- Crédits à moyen terme (1 à 7 ans) pour l’équipement et les investissements
- Crédits à long terme (plus de 7 ans) pour les investissements lourds
Ce mode convient particulièrement aux PME qui n’accèdent pas aux marchés financiers. Les banques évaluent la solvabilité, les garanties et la viabilité des projets avant d’accorder un crédit.
Le financement externe direct sur les marchés financiers
Le financement externe direct permet aux grandes entreprises d’accéder directement aux capitaux des épargnants via les marchés financiers. Cette désintermédiation évite le passage par les banques.
L’émission d’actions représente la vente de parts de propriété. Les actionnaires deviennent copropriétaires avec droits de vote et perçoivent des dividendes en cas de bénéfices. Ce financement en fonds propres ne génère aucune obligation de remboursement.
L’émission d’obligations constitue un emprunt fractionné auprès du public. Ces titres de créance garantissent un remboursement à échéance fixe avec des intérêts réguliers. Le marché primaire organise l’émission de nouveaux titres, tandis que le marché secondaire (Bourse) permet leur échange.
Les business angels et le financement participatif représentent des alternatives innovantes mobilisant l’épargne privée via des plateformes spécialisées.
Comment les ménages gèrent-ils leur épargne et leurs besoins de financement ?
Les ménages occupent une position particulière dans le financement de l’économie : ils constituent structurellement des agents à capacité de financement. Leur épargne alimente le système financier et finance les autres agents économiques.
Le revenu disponible des ménages se compose des revenus du travail, des revenus de la propriété et des transferts sociaux, desquels sont déduits les prélèvements obligatoires. Ce revenu se répartit entre consommation et épargne.
En France, les ménages épargnent environ 14% de leur revenu disponible. Cette épargne se divise entre l’investissement immobilier et l’épargne financière (environ 5%) placée sur des comptes bancaires ou des produits financiers rémunérés.
Les ménages peuvent ponctuellement présenter un besoin de financement, notamment pour l’acquisition immobilière. Le crédit immobilier représente leur principale forme d’endettement, généralement soutenable car adossé à un actif patrimonial.
Comment l’État finance-t-il ses dépenses publiques ?
L’État présente généralement un besoin de financement chronique dans la plupart des pays développés. Ses dépenses publiques (fonctionnement, investissements, prestations sociales) dépassent ses recettes fiscales.
Le solde budgétaire se calcule par la différence entre recettes et dépenses publiques. Un solde négatif correspond à un déficit public, un solde positif à un excédent. L’accumulation des déficits forme la dette publique.
Pour financer ses déficits, l’État émet des obligations d’État sur les marchés financiers. Les bons du Trésor à court terme et les obligations à moyen terme permettent d’emprunter directement auprès des épargnants.
L’État bénéficie d’avantages spécifiques : sa durée de vie illimitée lui permet de renouveler perpétuellement ses emprunts. Sa capacité à lever l’impôt garantit généralement sa solvabilité. Néanmoins, le niveau des taux d’intérêt détermine le coût de l’endettement public.
Quels sont les effets des choix de financement sur l’économie ?
Les décisions de financement des agents économiques génèrent des répercussions macroéconomiques importantes. L’interaction entre épargne et investissement détermine les grands équilibres économiques.
L’équilibre macroéconomique impose que la somme des capacités de financement égale la somme des besoins de financement. Quand cet équilibre se rompt au niveau national, les relations avec l’extérieur compensent via la balance des paiements.
Les politiques de relance budgétaire illustrent ces interactions. Quand l’État augmente ses dépenses, il accroît son besoin de financement. Cette demande supplémentaire peut provoquer un effet d’éviction : l’État concurrence le secteur privé sur l’épargne disponible, faisant monter les taux d’intérêt.
L’efficacité de l’allocation des ressources financières influence directement la croissance économique. Un système financier performant oriente l’épargne vers les investissements les plus productifs, condition indispensable au développement économique.


