La lire italienne (code ISO : ITL) était la monnaie officielle de l’Italie avant l’adoption de l’euro. Elle a circulé du 17 mars 1861, lors de l’unification du Royaume d’Italie, jusqu’au 28 février 2002, date de fin de son cours légal. Pendant 141 ans, cette devise a accompagné l’histoire économique du pays.
Le taux de conversion fixé de manière irréversible en 1999 est de 1 EUR = 1 936,27 ITL. Si vous possédez d’anciennes lires, vous pouvez calculer leur valeur en euros grâce à cette parité officielle. Nous allons voir en détail l’histoire de cette monnaie, sa valeur actuelle, les pièces et billets qui circulaient, et les raisons de son remplacement par l’euro.
| Montant en lires | Valeur en euros |
|---|---|
| 100 lires | 0,05 € |
| 1 000 lires | 0,52 € |
| 10 000 lires | 5,16 € |
| 50 000 lires | 25,82 € |
| 100 000 lires | 51,65 € |
| 500 000 lires | 258,23 € |
📋 L’essentiel à retenir
- La lire a servi de monnaie nationale italienne durant 141 ans sans interruption
- Son origine remonte au latin libra, une livre d’argent utilisée dans l’Empire romain
- Les échanges en banque ont cessé en 2012, seule la valeur de collection subsiste
- L’inflation d’après-guerre a fait perdre 99% de sa valeur par rapport à 1914
- Le symbole ₤ ressemblait à la livre sterling mais désignait une devise distincte
La lire italienne, de quoi s’agit-il ?
Cette devise nationale a structuré l’économie italienne pendant plus d’un siècle. Émise par la Banca d’Italia (Banque d’Italie), elle portait le symbole ₤ et se divisait en 100 centimes, appelés centesimi en italien. Cette subdivision a progressivement disparu après 1945 en raison d’une inflation qui a rendu ces petites unités sans utilité pratique.
Identification et codes officiels
Vous trouvez parfois cette monnaie sous différentes appellations. Le code ISO 4217 officiel était ITL, utilisé dans les transactions internationales et les conversions bancaires. En français, on parle de « lire italienne » au pluriel, tandis qu’en italien, le terme exact est « lira » au singulier et « lire » au pluriel.
La période officielle d’utilisation s’étend du 17 mars 1861, date de proclamation du Royaume d’Italie, jusqu’au 28 février 2002. L’Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato assurait la frappe des pièces, sous le contrôle de la Banque d’Italie.
Lire ou lira, comment l’appeler
Cette question revient souvent. En italien, « lira » désigne une unité (une lira), tandis que « lire » indique le pluriel (mille lire). En français, nous utilisons « lire italienne » ou simplement « lire » dans les deux cas.
Fait intéressant : dans les régions du nord-ouest de l’Italie, notamment le Piémont et la Ligurie, les habitants appelaient couramment leur monnaie « franc » jusqu’en 2002. Cet usage linguistique témoigne de l’influence française historique et de l’appartenance passée de ces territoires au Royaume de Sardaigne, proche de la France.
Combien valent les lires italiennes aujourd’hui ?
Si vous avez retrouvé de vieilles lires dans un tiroir ou hérité de billets italiens, vous vous demandez certainement quelle est leur valeur actuelle. La réponse dépend de la possibilité d’échange et du montant que vous possédez.
Le taux de conversion fixe avec l’euro
La parité officielle a été fixée le 31 décembre 1998 et est entrée en vigueur le 1er janvier 1999 : 1 EUR = 1 936,27 ITL. Cette équivalence est définitive et n’a jamais changé depuis. Contrairement aux fluctuations habituelles entre devises, ce taux reste immuable, car il s’agit d’un remplacement monétaire, non d’un échange entre deux monnaies distinctes.
Pour calculer la valeur en euros, il suffit de diviser le montant en lires par 1 936,27. Par exemple, 100 000 lires divisées par 1 936,27 donnent environ 51,65 euros.
Est-il encore possible d’échanger des lires
La Banca d’Italia a accepté l’échange des billets et pièces contre des euros jusqu’en 2012. Passé cette date, les anciennes unités monétaires italiennes n’ont plus de valeur légale et ne peuvent plus être échangées auprès des institutions bancaires officielles.
Aujourd’hui, vos billets ou pièces n’ont qu’une valeur numismatique. Certaines pièces anciennes, notamment les 500 lires en argent frappées entre 1958 et 1967, peuvent intéresser les collectionneurs. Leur prix dépend de l’état de conservation, de la rareté du millésime et de la demande du marché.
Vous pouvez vous tourner vers des boutiques de numismatique, des sites spécialisés en ligne ou des ventes aux enchères pour évaluer et éventuellement vendre vos exemplaires. La valeur faciale ne compte plus, seul l’intérêt des collectionneurs détermine le prix.
D’où vient la lire italienne ?
L’histoire de cette monnaie remonte bien avant l’unification de 1861. Ses racines plongent dans l’Antiquité romaine et la Renaissance des cités italiennes, où chaque État frappait sa propre devise.
Origines étymologiques et premières frappes
Le mot « lire » provient du latin libra, qui désignait une livre d’argent, soit environ 380 à 430 grammes selon les époques. Cette unité servait à la fois de mesure de poids et d’unité monétaire dans l’Empire romain.
La première pièce d’argent portant ce nom a été frappée en 1472 à Venise par le doge de la République vénitienne. Cette pièce valait 20 sous et contenait 6,52 grammes d’argent titré à 948/1000. Deux ans plus tard, en 1474, Milan adopte aussi cette unité sous l’impulsion du duc Galéas Marie Sforza. D’autres villes suivent : Gênes, Florence avec son célèbre florin, Mantoue, Bologne.
Avant 1861, l’Italie était morcelée en dizaines d’États indépendants, chacun émettant sa propre devise. Cette diversité monétaire compliquait considérablement le commerce entre régions italiennes.
L’unification monétaire de 1861
Le Risorgimento, mouvement d’unification italienne mené par des figures comme Cavour, Garibaldi et Victor-Emmanuel II, aboutit à la proclamation du Royaume d’Italie le 17 mars 1861. Cette date marque aussi l’adoption officielle d’une devise nationale unique.
En réalité, cette nouvelle monnaie n’était que le prolongement de la lire savoyarde, créée en 1816 par le roi Victor-Emmanuel Ier de Savoie pour son Royaume de Sardaigne. Turin, capitale savoyarde, impose son système monétaire à l’ensemble du nouveau royaume. Les différentes devises régionales sont progressivement converties selon des taux fixés par l’État.
L’unification monétaire s’achève réellement en 1870 avec la prise de Rome et l’annexion des États pontificaux. La péninsule italienne dispose enfin d’une monnaie commune facilitant les échanges commerciaux et l’intégration économique.
Quelles pièces et billets circulaient en lires ?
Les Italiens utilisaient au quotidien une gamme variée de pièces et billets, dont les valeurs ont évolué au fil des décennies. L’inflation galopante du XXe siècle a progressivement éliminé les petites coupures, ne laissant subsister que les grosses valeurs dans les années 1990.
Les pièces de monnaie italiennes
Jusqu’en 2002, six valeurs restaient en circulation : 20, 50, 100, 200, 500 et 1 000 lires. Les petites coupures de 1, 2, 5 et 10 lires avaient disparu de l’usage quotidien dans les années 1980, leur pouvoir d’achat étant devenu dérisoire. Elles n’étaient plus produites que pour des coffrets numismatiques destinés aux collectionneurs.
Les matériaux utilisés reflètent les contraintes économiques et techniques de chaque époque. Voici les principaux alliages employés :
- Italma : aluminium pur, léger et économique, utilisé pour les petites valeurs
- Acmonital : acier inoxydable résistant à la corrosion
- Bronzital : laiton d’aluminium donnant une couleur dorée
- Argent : réservé aux pièces de 500 lires entre 1958 et 1967 (titré à 835/1000)
Les symboles gravés incarnaient l’identité nationale. Italia turrita, représentation allégorique de l’Italie coiffée d’une couronne murale, ornait plusieurs coupures. On trouvait aussi des figures mythologiques comme Cérès (déesse de l’agriculture), Minerve (sagesse), Vulcain (artisanat) ou encore le géographe d’Europe sur la pièce de 1 000 lires.
Les billets de banque italiens
Les billets en circulation dans les dernières années comprenaient sept coupures : 1 000, 2 000, 5 000, 10 000, 50 000, 100 000 et 500 000 lires. Ces montants astronomiques obligeaient les Italiens à manipuler quotidiennement des millions pour des achats courants, conséquence directe de l’inflation galopante.
La Banca d’Italia choisissait des personnalités marquantes de l’histoire culturelle et scientifique pour illustrer ces billets. Quelques exemples notables :
- Maria Montessori sur le billet de 1 000 lires : pédagogue et médecin, pionnière de l’éducation nouvelle
- Guglielmo Marconi sur le 2 000 lires : inventeur de la radio et prix Nobel de physique
- Vincenzo Bellini sur le 5 000 lires : compositeur d’opéra du XIXe siècle
- Alessandro Volta sur le 10 000 lires : physicien qui donna son nom au volt
- Caravage sur le 100 000 lires : peintre baroque du XVIe siècle
Ces billets transformaient chaque transaction en hommage au patrimoine intellectuel et artistique italien.
Comment s’est déroulé le passage à l’euro ?
La transition vers l’euro s’est opérée en plusieurs étapes, étalées sur trois ans. Ce processus minutieux visait à éviter les perturbations économiques tout en préparant les citoyens au changement de devise.
Chronologie de la transition
Le 1er janvier 1999, l’euro devient la monnaie officielle de onze pays européens, dont l’Italie, mais uniquement sous forme scripturale. Les banques, entreprises et administrations utilisent l’euro pour leurs transactions électroniques et comptables, tandis que les Italiens continuent d’utiliser physiquement des lires dans leurs achats quotidiens.
Le 1er janvier 2002 marque l’introduction des pièces et billets en euros. Pendant deux mois, les deux monnaies circulent simultanément. Les commerçants acceptent l’une ou l’autre et rendent selon leurs stocks disponibles. Cette période de double circulation permet une adaptation progressive.
Le 28 février 2002, la lire italienne cesse définitivement d’avoir cours légal. Après 141 ans d’existence, elle disparaît des transactions quotidiennes. Toutefois, la Banca d’Italia continue d’échanger contre des euros pendant dix ans supplémentaires, jusqu’en 2012.
Les pièces euro italiennes aujourd’hui
L’Italie, membre fondateur de la zone euro, a choisi des monuments et symboles emblématiques pour les faces nationales de ses pièces. Le Colisée orne la pièce de 5 centimes, le Castel del Monte des Pouilles figure sur le 1 centime, tandis que l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci apparaît sur la pièce de 1 euro.
Ces choix iconographiques illustrent la richesse du patrimoine architectural et artistique italien. Le pays émet également régulièrement des pièces commémoratives de 2 euros célébrant des événements historiques, des personnalités ou des anniversaires nationaux.
Aujourd’hui, 20 pays utilisent l’euro comme monnaie unique. L’Italie partage cette devise avec l’Allemagne, la France, l’Espagne et d’autres nations européennes, facilitant les échanges commerciaux et les voyages au sein de la zone euro.
Pourquoi la lire a-t-elle perdu de la valeur ?
L’histoire économique de cette devise est marquée par une dépréciation constante, particulièrement au XXe siècle. Plusieurs crises majeures ont accéléré cette chute, transformant une monnaie autrefois stable en devise affaiblie manipulée par millions.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’économie italienne subit une destruction massive. L’inflation galopante fait perdre 99% de sa valeur par rapport à 1914. Concrètement, ce qui coûtait 1 lire en 1914 en valait 100 en 1945. Cette dévaluation catastrophique entraîne la suppression pure et simple des centimes, devenus inutiles dans les transactions courantes.
La crise pétrolière de 1973 frappe durement l’Italie, pays importateur de pétrole. Les prix explosent, l’inflation atteint deux chiffres. La Banque d’Italie monte son taux d’escompte jusqu’à 15% en 1976 pour tenter de défendre la monnaie, sans grand succès.
Le coup le plus dur survient en septembre 1992. Des attaques spéculatives massives contraignent l’Italie à sortir du Système monétaire européen. En quelques mois, la devise perd 50% face aux autres devises européennes. Le gouvernement impose même une taxe exceptionnelle de 6‰ sur les comptes bancaires pour renflouer les caisses de l’État.
Face à cette dévaluation chronique, le président du Conseil Bettino Craxi propose en 1984 un projet radical : la « lira pesante » (lire lourde). L’idée consistait à supprimer trois zéros, transformant 1 000 anciennes lires en 1 nouvelle lire. Des prototypes de billets furent même imprimés. Mais le projet fut abandonné en 1993, l’euro étant devenu inéluctable après le traité de Maastricht de 1992.
L’adoption de l’euro en 2002 a finalement résolu le problème des zéros et redonné aux Italiens une monnaie stable, adossée à une banque centrale européenne indépendante et à une zone économique intégrée.


